Chaque homme, poète ou non, se choisit une ou deux villes, patries idéales qu'il fait habiter par ses rêves, dont il se figure les palais, les rues, les maisons, les aspects, d'après une architecture intérieure, à peu près comme Piranèse se plaît à bâtir avec sa pointe d'aquafortiste des constructions chimériques, mais douées d'une réalité puissante et mystérieuse.

[...] Pour notre part, trois villes nous ont toujours préoccupés: Grenade, Venise, Le Caire. " Chronique du séjour vénitien et du périple effectué en 1850, le Voyage en Italie réunit l'ensemble des feuilletons que Gautier publia pendant son voyage et après son retour. Il nous restitue à la fois l'éblouissement de l'amateur d'art devant quelques-uns des édifices les plus prestigieux de la Péninsule et les impressions du flâneur qui surprend, au fil de ses promenades, une Italie familière et nonchalante.

Dernier des grands romantiques à avoir découvert Venise, Théophile Gautier en donne une image particulièrement haute en couleurs dans ce texte qui, des Goncourt à Proust, allait marquer nombre de voyageurs et qui demeure un eÎllent guide pour le promeneur d'aujourd'hui.