Saint-Jean d'Acre

Pierre Benoit

Saint-Jean d'Acre
137 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
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3.59
Note personnelle
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Lorsque l’on connaît bien Pierre Benoît et ses romans, mais que l’on n’a jamais lu ce texte Saint Jean d’Acre, on s’attend, au moment de plonger dans sa lecture, à un texte dans la même veine que La Châtelaine du Liban, c’est à dire un roman avec la présence française ou britannique, avec des militaires, des expatriés et une vie relativement aisée de ceux qui vivent loin de la mère patrie…

En fait, ce roman est très différent et il ne faut surtout pas y chercher les ambiances chaudes de cette société occidentale au contact de la vie du Proche Orient. Ici, l’héroïne principale a bien un nom qui commence par un A, mais c’est une ville, Acre ! C’est toute la différence avec un roman classique. Nous avons un personnage, un Français, qui cherche un logement à Acre, Saint Jean d’Acre pour les croisés, Akko en hébreu. On ne sait pas ce qu’il cherche e¬tement, il ne précise rien à son organisateur de voyage, M. Ayoub, correspondant de la fameuse compagnie des Messageries maritimes qu’utilise très souvent Pierre Benoît, dans ses romans comme dans la vie réelle.

M. Ayoub le met en contact avec un habitant de la ville, un modeste propriétaire qui tente de survivre en louant une chambre de temps en temps. Il s’agit d’Essad-Bey, un homme qui malgré sa pauvreté apparente porte, quand même, sur sa stambouline (redingote des fonctionnaires ottomans) la Légion d’honneur… Mais de-là à savoir pourquoi…

Essad-Bey va faire visiter Acre à son « Français », mais très rapidement il va donner des détails sur le siège de la ville par un certain Bonaparte. La ville devient rapidement le personnage clef du roman. Qui va la sauver, qui va tomber dans ses bras, qui pourra aider le général français ? Bien sûr, nous, nous savons bien que c’est devant les fortifications de la ville, défendues, entre autres, par un certain Antoine Le Picard de Phélippeaux, un collègue de Bonaparte qui a émigré et sert maintenant Djezzar Pacha…

On va revivre quelques temps forts de cette bataille car Essad-Bey semble définitivement très au courant de certains détails de la bataille. On se dit qu’il doit y avoir une bonne raison et on va l’apprendre de sa bouche quand il va raconter comment trois officiers français, réputés de qualité et parlant arabe, sont appelé dans la tente de Bonaparte, une fois la nuit tombée…

On va ainsi apprendre certains secrets de l’histoire, certaines intentions du jeune général ambitieux, à travers le destin de ces trois officiers. Plus on avance dans le récit, plus les mots d’Essad-Bey sont portés par une émotion forte… puis les masques tombent et on comprend pourquoi Essad-Bey sait tout cela !

Un très beau roman sur la fidélité, sur l’amitié, sur la confiance, sur le sens de la parole donnée, sur Bonaparte aussi qui pourtant absent du roman au sens strict est bien présent dans le cœur de certains personnages…

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