Les Comédiens sans le savoir
Sylvestre Palafox-Castel-Gazonnal, dit Gazonnal, « monte » à Paris pour régler un procès qui l’oppose au préfet de son département, les Pyrénées-Orientales, et qui a été transféré au Conseil d'État. Les aventures du personnage principal sont prétexte à la présentation d’une galerie de portraits balzaciens qui vont de la « lorette » (le rat d’Opéra Ninette), au directeur de journal (Théodore Gaillard), du concierge Ravenouillet à la marchande à la toilette (Madame Nourrisson).
En renouant avec son cousin Léon Didas y Nora, peintre facétieux connu sous le nom de Mistigris, élève du baron Hippolyte Schinner (le peintre fameux dans "La Bourse"), envoyé au château de Presles dans Un début dans la vie) qui est devenu un célèbre paysagiste et homme à la mode, Gazonal découvre aussi le Paris des élégants au « Café de Paris ». Et grâce à l’aide de Mistigris et de ses amis (dont la séduisante Jenny Cadine), Gazonal gagne son procès.
En arrière plan, on retrouve naturellement les personnages indispensables à l’univers de la Comédie humaine : Eugène de Rastignac, Joseph Bridau, le poète Melchior de Canalis, le peintre Dubourdieu, Carabine, les affairistes Cérizet et Fernand du Tillet, l’écuyère Malaga, le baron de Nucingen, Maxime de Trailles et d’autres. Comme si Balzac avait-lui-même envie de se replonger dans son monde et d’en faire l’inventaire.
Il s’agit là davantage d’une mise en scène (fort bien scénographiée) d’une compilation de saynètes et de portraits. Gazonal se présente un peu comme le témoin de la Comédie humaine, la vraie héroïne du roman étant Paris et la vie parisienne, tous quartiers confondus.« Il y a deux Paris : celui des salons, des atmosphères suaves, des tissus soyeux, des quartiers élégants, et celui plus infernal, des orgies, des ruelles sombres ( Ferragus), des mansardes misérables1.