L'Angoisse du banc de touche au moment du coup d'envoi
Ça en voit des postérieurs de footballeurs remplaçants et d'entraîneurs angoissés, un banc de touche... Un vrai. L'objet, quoi. Ça en voit des idioties, aussi. Il n'y avait que Jean-Bernard Pouy pour en faire parler un, un Ikea pur jus de mélèze traité. Footballeurs et supporters en prennent pour leurs grades... Pouy n'aime que le cyclisme, comme on le découvrait dans 54 x 13, roman que son adaptation théâtrale a révélé au grand public. Mais l'angoisse du banc de touche n'est que la première des quatorze nouvelles de ce recueil aux frontières du roman noir, du fantastique, de l'anticipation et de la poésie. Quelques perles jalonnent ce livre improbable comme Adirocc et sa chute géniale ou La Tête dans l'Ensac qui narre l'histoire d'une jeune rebelle au bizutage... Adepte des contraintes d'écriture, fervent partisan de l'OuLiPo, amuseur, auteur de nombreux romans noirs, le libertaire Pouy s'amuse avec les mots comme un saltimbanque, tantôt jongleur, tantôt clown, tantôt cracheur de feu ou conteur dramatique, toujours funambule. On dévore ces petites histoires d'individus en déséquilibre avancé, on rit des singeries de l'auteur et de son style inimitable, on se révolte avec lui contre la bêtise obligée. Bien qu'il s'en défende, le Pouy auteur de nouvelles n'a rien à envier au Pouy romancier, auteur entre autres des inoubliables Spinoza encule Hegel, Nous avons brûlé une sainte ou encore La Belle de Fontenay et accessoirement créateur de la série Le Poulpe. --Bruno Ménard