Victor Hugo, un révolutionnaire
La tradition veut qu’on soit progressiste à vingt ans et réactionnaire l’âge venant. Victor Hugo, qui décidément ne fait rien comme les autres, parcourt le chemin inverse. De 1847 à 1851, on assiste à l’« extraordinaire métamorphose » d’un vicomte, pair de France, monarchiste, député de Paris élu sur des listes de l’union de la droite, devenant l’homme des Misérables, passant du côté républicain, prônant la révolution et s’intégrant à l’extrême gauche.
Qu’en est-il de ce Hugo-là deux cents ans après ? Pourquoi revenir sur Hugo politique ? Parce que, dit Jean-François Kahn, « Victor Hugo incarne mieux que quiconque le combat pour la démocratie et les droits de l’homme ; ensuite, parce qu’il n’a cessé, parfois seul, au prix de sa tranquillité et de sa réputation, de résister à l’offensive, souvent convergente, des stalinismes de gauche et de droite ; enfin parce qu’au nom du refus de la guerre civile, en vertu d’un patriotisme bien compris, il a de toutes ses forces cherché à favoriser l’émergence d’une autre voie. » Mais aussi parce que peu de gens imaginent, de nos jours, jusqu’où il va dans la radicalité et la modernité, donnant parfois l’impression qu’il nous parle des problèmes d’aujourd’hui.