Liza de Lambeth
Quand il entra à l'hôpital St-Thomas en 1892, à dix-huit ans, Somerset Maugham revenait d'un long séjour à Heidelberg, d'un autre à Paris, où il avait tâté du pinceau, flirté avec l'idée de fuir comme Gauguin à l'autre bout du monde.
[...] Il voulait écrire, n'osait pas l'avouer et donc choisit la médecine, pour amasser de l'expérience, avoir tous les jours sous les yeux les palpitations de la vie brutale et dans les oreilles les confessions du genre humain. Les trois dernières années d'études, il était souvent appelé dans les taudis de Lambeth. [...] Devant lui s'ouvrait le lit de l'humanité avec son pus, ses plaies, ses râles et son haleine de mort.
[...] C'est là qu'il fit pousser une fleur qui ses nommait Liza. Elle lui apporta la gloire à vingt-trois ans et lui permit d'abandonner la médecine pour se consacrer à la littérature. Liza travaille à l'usine, elle vit seule avec sa mère, malade et querelleuse, dans un taudis de Vere Street, une rue de Lambeth. Le roman se déroule presque entièrement dans la rue, avec quelques incursions dans les intérieurs nus, et une échappée à Chingford [...].
Sur la scène de Lambeth, Liza la jeune reine des taudis, adulée, convoitée, se laisse séduire par son voisin, un homme marié qui a deux fois son âge. Et c'est la chute de l'idole, clouée au pilori, promise à la mort. LINDA LE