Théâtre

Anton Tchekhov

Théâtre
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
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4.35
Note personnelle
★★★★★
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une comédie avec quatre rôles de femmes et six rôles d’hommes, quatre actes, un paysage (un lac) ; beaucoup de discours sur la littérature et l’art, peu d’action, cinq tonnes d’amour. » C’est ainsi que Tchekhov résumait La Mouette (en russe Tchaïka), la première de ses quatre pièces les plus connues – Oncle vania (1899), Les trois soeurs (1900), La Cerisaie (1904). Avant de devenir une pièce emblématique du théâtre russe, La Mouette fut un four lors de sa création en octobre 1896 à Saint-Petersbourg. il fallut attendre Stanislavski et la reprise au Théâtre d’Art de Moscou, deux ans plus tard, pour que le public lui fasse un bel accueil. La pièce se déroule dans la propriété de Sorine, ancien conseiller d’état. Sa soeur Arkadina, une actrice connue et imbue d’elle-même, y séjourne avec son amant, Trigorine, un écrivain à la mode. Arkadina méprise le travail de son fils, Constantin Treplev, écrivain d’avant-garde, qui vit auprès de son oncle. Chamraiev, l’intendant du domaine, réside là avec sa femme, Paulina, et sa fille Macha. il y a là aussi Dorn, un médecin en retraite, qui veille sur la santé du groupe. De l’amour, il y en a beaucoup, mais il n’est jamais réciproque : Medvedenko, l’instituteur, est amoureux de Macha qui aime Treplev, qui n’a d’yeux que pour Nina, fille de riches propriétaires, qui rêve de devenir actrice. « Dans La Mouette, le rêve est toujours au plus proche, prêt à emporter chaque être vers le meilleur, note Frédéric Bélier-Garcia, mais les personnages, comme de grands oiseaux incapables de voler, demeurent dans ce décor, dans ce théâtre, qui flétrit sur eux, en eux, au fil des actes et des années. Tchekhov compose avec La Mouette un grand cabaret de l’existence, chaque personnage y va de son numéro. Chacun essaie d’être aimable, de faire l’aimable, tandis qu’au plus profond de lui ahane la panique d’exister qu’on essaie de faire taire en babillant, braillant, chantant. Comme cet enfant qui, obligé d’aller chercher quelque chose à la cave, chante pour disperser les fantômes et les peurs. Raconter La Mouette, c’est mettre en acte cette grande bataille immobile qu’est la vie où tout est toujours « déjà plus » ou déjà « trop tard ». Chacun poursuit un amour, une ambition, un rêve qui se dérobe quand nous croyons le tenir. Joueurs maladroits, aussi riants que dramatiques, cherchant à capturer le charme évanouissant de l’existence.

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