Ernest le rebelle
La sagesse conseillant de joindre autant que faire se peut l'utile à l'agréable, Ernest Pic décide de combiner ses loisirs estivaux de violoniste avec les plaisirs laborieux d'une tournée à bord du paquebot Flandre sous l'égide du vieux M. Duplat et de son orchestre. Tout ira bien jusqu'à La Havane où, pour s'être laissé griser par l'odeur des cigares et une belle indigène, il se retrouve seul sur le quai sans montre ni portefeuille, sa boîte à violon sous le bras.
Pas pour longtemps d'ailleurs, car un faux mouvement la précipite à l'eau. Ernest éclate en sanglots que couvre alors un gros rire : à ces accents sonores entre dans sa vie Tom l'Américain, deus ex machina pour l'heure sans machine mais tout de même puissant puisqu'il l'embarque avec un passeport (faux), nanti d'argent (volé), sur un navire en partance pour Puerto Felipe, port de l'Etat sud-américain du Cerro Dorado.
C'est ainsi qu'un paisible violoniste se transforme en guérillero et, devenu Don Ernesto Pico de Oro, attaque des trains au galop et se couvre de gloire (ou de poussière) sous l'influence du mauvais génie dénommé Tom, courant - nouvel Ulysse aux aventures drolatiques avant de revenir, "plein d'usage et raison vivre" chez lui le reste de son âge.