Bibiche
Écrit en prison en 1962, paru de façon posthume en 1973.
Bibiche est très jolie, c’est vrai. Dans cette cellule sans clarté, elle se détache comme une lampe ; parmi les visages mornes de nos camarades, le sien évoque un feu follet exubérant, un petit phare rond où la jeunesse veille et tourne.
Adolescente issue d’un milieu aisé, Bibiche est incarcérée pour complicité de vol. Avec elle, c’est la jeunesse et l’insouciance, un souffle de liberté qui entrent dans la prison, qui fascinent et déroutent gardiennes et détenues. C’est aussi une histoire d’amitié avec une autre prisonnière, Dufour, dont la solitude voulue va se trouver désarmée par celle qu’elle prendra sous son aile et finira par appeler «ma fille».
Ecrit en prison en 1962, juste après la rédaction de La cavale, Bibiche est publié pour la première fois en 1973, neuf ans après la disparition d’Albertine Sarrazin. Il n’avait pas été réédité depuis. Albertine Sarrazin quitte l’autobiographie pour y mettre en scène une héroïne nourrie de sa propre expérience – Bibiche à l’âge qu’elle avait lors de son premier séjour en prison. Elle tisse les liens qui se nouent dans l’univers carcéral en entrecroisant les monologues des trois narratrices : Bichiche, Matuchette (la gardienne) et Dufour, qui nous révèlent, non sans suspense, la raison de l’incarcération de Bibiche, et les inquiétudes que sa méconnaissance des codes de la prison font peser sur la tranquillité de ce monde totalement clos.