V comme engeance
Cela débute comme l'histoire d'une passion : il a rencontré cette femme à Tanger, elle l'a invité dans sa chambre d'hôtel, à vrai dire ses valises n'étaient pas défaites, elle fuyait son pays et la police de son pays la suivait, elle en avait l'habitude.
Son fils était l'auteur d'un attentat particulièrement meurtrier, lui a-t-elle confié en dégrafant son soutien-gorge. ils la guettaient sachant bien qu'un jour ou l'autre, il finirait par la revoir, nous nous aimions tant, a-t-elle ajouté en se glissant contre lui, nue.
afin de retrouver se fils sans lui faire courir de risques, il entraîne sa compagne dans une descente aux enfers qui les conduit jusque sous les tentes bleues des rebelles du sable, là où les pointillés abandonnent les cartes, la justice l'engeance. C'était bien imaginé, la police a renoncé à les pourchasser, il n'y a plus d'obstacles entre le fils et sa mère. Sinon lui.
Loustal et Tito Topin ont accompagné cette femme et cet homme le long des 2000 kilomètres et des poussières du littoral marocain, côté Atlantique. De Tanger aux confins mauritaniens, ils ont noté leurs petites manies, leurs tics et leurs dialogues, repéré leurs étapes et fait des croquis, ébauché la fiction de leur vie présente et passée en interrogeant les cimetières, en soulevant le sable où planent encore les ombres de Mermoz et de Saint-Exupéry, en fouillant dans les mythes oubliés, de sorte qu'entre la noirceur de l'écriture et la couleur de l'image, les personnages ont greffé leur folie, installé leur violence, et poussé le roman vers la fatalité. Cela finit comme l'histoire d'une passion.
(quatrième de couverture)