Une visite inopportune
Il y a chez Copi une très grande discrétion devant ce sujet-bateau, sujet-gâteau, qu'est la mort. Au moyen d'écarts de dialogue, Copi fait basculer cette comédie-farce de la mort vers une fête de l'amitié, et en premier lieu de l'amitié qui attache les homosexuels. Car la pièce est là : dans le lien amical, fraternel de l'acteur Cyrille, condamné, et de son copain, Hubert, et dans l'alliance de charme et de cruauté par quoi ce vieux couple entreprend d'intercepter de la chair fraîche, un grand dadais de jeune homme qui se retrouve là, dans sa chambre. Mais Copi, insensiblement, divinement, fait danser les fils de son illusion, opéra, grand-guignol, cirque, tragédie. Tout cela d'une touche si légère... Dans sa gaieté et sa modestie, Une visite inopportune est une pièce immense. Elle provoque le rire. Elle ratisse la détresse. C'est très rare, un sommet de théâtre comme celui-là.