Une histoire populaire de la France
Bien qu’à peine un an se soit écoulé depuis la publication initiale de ce livre, il m’a semblé nécessaire de réécrire ma conclusion pour cette nouvelle édition car, depuis la fin de l’année 2018, les événements se sont précipités. Sans reprendre toute mon analyse du programme présidentiel d’Emmanuel Macron, je voudrais commencer par rappeler ses lignes de force. Ce qui m’avait d’emblée frappé en lisant ce texte, c’est qu’il exposait de façon très brutale un projet politique qui s’inscrivait dans le droit fil de l’idéologie libérale, fil conducteur parmi d’autres de la pensée dominante depuis le XVIIIe siècle. Il se livrait à un dénigrement sans nuance de l’État social, en affirmant qu’il aurait créé en France « une société d’ordres, de statuts, de castes ». Au nom de la lutte contre les inégalités,Emmanuel Macron annonçait clairement dans son programme le démantèlement de pans entiers des acquis sociaux obtenus grâce aux luttes ouvrières depuis le Front populaire. Sa vision du monde, exaltant la « classe moyenne » à la manière d’un François Guizot, ignorait complètement l’existence des classes populaires.