Promenades européennes
Les voyageurs sont les pires raseurs ", écrivait de Bretagne Virginia Woolf à une amie.
Elle ne fut pas, en effet, une " grande voyageuse ". Pourtant, elle aime changer de place et ne peut ignorer les lieux célèbres, Rome ou l'Acropole, même si elle en fait peu de cas dans la relation qu'ils lui suggèrent. Pour elle, les fameux monuments n'impressionnent pas plus qu'une noce paysanne ou une foire aux moutons. Ce qui compte, avec l'auteur des Vagues, c'est la vision toute particulière qu'elle se fait des lieux et des choses, l'émotion que suscite un spectacle urbain ou champêtre, les remarques acides ou humoristiques qu'il lui inspire.
A l'eÎption de quelques voyages en Europe et d'une escapade en Asie Mineure, c'est Londres et ses environs qui donnent l'occasion à l'écrivain de brosser maints petits tableaux pleins de charme et de spontanéité. C'était une gageure que de vouloir " voyager " avec Virginia Woolf. Jean Morris l'a tentée, en anglais, à partir du Journal et de la correspondance. Avec les nombreux inédits - en français - qu'apporte notre ouvrage, nous découvrons un aspect inconnu de la romancière du groupe de Bloomsbury, dont nous suivons les traces en Angleterre, bien sûr, mais aussi en France, en Italie, en Grèce, en Espagne, en Irlande, en Allemagne, en Hollande et en Turquie.