Poésie et réalité
La poésie est une tentative risquée et visionnaire d’accéder à un espace qui a toujours préoccupé et angoissé l’homme : l’espace de l’impossible, qui parfois semble aussi l’espace de l’indicible.
J’ai toujours pensé la poésie comme la plus éminente manifestation de cette histoire occulte des hommes et de la correspondance ineffable avec la réalité qui s’y révèle, au delà du gonflement du simple temps linéaire, au delà des formules et des systèmes qui codifient la connaissance, la prière, le regard, le geste, le lieu, l’amour, le bois et même le feu.
Le poème n’arrête pas le temps : il le contredit et le transfigure.
Il ne me parait inopportun de rappeler ici Heidegger : « La poésie est la fondation de l’être par la parole » (Hôlderlin ou l’essence de la poésie), à quoi il ajoute encore, dans une de ses études sur Rilke : « Telle est la fonction du poète, surtout en temps de pénurie. » (chemins qui ne mènent nulle part ».