Les filles de noce
Le « système français » mis en place au lendemain de la Révolution tend à marginaliser la fille publique et à l'enfermer dans une série de lieux clos (maison de tolérance conçue comme un simple égout séminal, hôpital, prison, établissement de relèvement), invisibles de l'extérieur mais totalement transparents au regard policier. Il se révélera vite n'être qu'une utopie. Dès la fin du Second Empire, le déclin du bordel, l'émergence de nouvelles conduites prostitutionnelles reflètent le recul de la misère sexuelle masculine au sein du prolétariat urbain, et l'embourgeoisement d'une clientèle qui, désormais, recherche aussi, avec les filles de noce, l'illusion de la séduction. L'essor de la maison de rendez-vous, l'attrait exercé par l'adultère vénal et la quête d'une intimité calquée sur le modèle conjugal témoignent, par la suite, de cette mutation des formes du désir.