Le Territoire du vide
Au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle émerge une nouvelle attitude "spectatoriale" à l'égard du monde. Le passage du code esthétique classique à celui du sublime engendre une révision générale des manières d'apprécier les espaces illimités. Autrefois objets de répulsion, la mer, mais aussi la montagne et la forêt, sont désormais perçues comme belles et comme sources d'émotions nouvelles. L'émergence d'un désir du rivage en Occident est également imputable aux découvertes scientifiques sur les bienfaits de l'air marin et de l'eau de mer sur la santé physique et mentale, pour lutter contre le spleen et la mélancolie, et aux pratiques nouvelles d'exploration de la nature. Fuyant la pathologie urbaine, le promeneur-curiste se fait ainsi l'ancêtre du touriste. Alain Corbin, historien des sensibilités, signe ici une livre étonnant, qui, tout en faisant l'histoire des représentations du rivage nous plonge dans l'histoire étrange et fascinante de la découverte des plaisirs corporels liés à la mer.