L'instinct du bonheur
Joli couple », a dit Madame de la Guichardie en regardant Colette Romilly et André de Saviniac courir bras dessus bras dessous vers les tennis. Et le petit cercle sur qui elle règne dans ce coin de Périgord a compris qu'elle songe à les marier.
Nulle union ne serait mieux assortie. Alors pourquoi les parents de Colette accueillent-ils avec désarroi le projet de leur amie? lis finissent par s'en ouvrir à elle.
Leur secret risque de peser sur l’avenir de Colette. C'est celui d'une bataille perdue contre les préjugés des Romilly, puissants industriels de Pont-de-l'Eure.
Comment réagiront Colette et André?
Première surprise : les jeunes « savent » déjà. Le silence de ses aînés a seulement retenu Colette de leur en parler. En se taisant sur les sujets brûlants, en gardant pour soi ce qui pouvait ébranler leur paix, ils ont obéi les uns et les autres à l'instinct de conservation, l'instinct du bonheur.
C'est aussi avec un dosage de paroles et de silences que Madame de la Guichardie manœuvre les Saviniac. Stratégie nécessaire dans ces milieux de province si bien décrits ici où, sous la surface du rigorisme, bout le courant des préjugés, des haines et des passions.