L'écureuil dans la roue
A l'origine, c'est presque une folie qui saisit Pierre, sur la plage, le jour où il veut transformer sa voiture en sous-marin, premier signe d'un étrange délire destructeur. Mathilde, sa jeune femme, croit à un moment d'égarement ; c'est le début d'une crise.
Pierre, si longtemps le fidèle, le refuge contre vents et marées, supporte de plus en plus mal son chômage, pourtant volontaire : il en avait assez d'être un "écureuil dans sa roue"...
Mais se terrer comme une taupe dans la cave ou dans le grenier, pour lire le Journal de Mickey volé à son fils, boire des jours durant canettes sur canettes, seul ou au bistrot du village, en compagnie de quelques épaves ivrognes, dont Pernod, la clocharde, n'est-ce pas troquer un malaise contre une maladie ? Bientôt la violence, la fureur, le bruit s'installent à domicile, en dépit des efforts désordonnés de Mathilde pour y maintenir un semblant de vie conjugale.
Rien n'y fera, cependant ; Pierre s'enfonce dans sa peur, sa honte irraisonnée, dans son errance éthylique, à mesure que se dégrade la situation. Il faudra la Saint-Sylvestre, et une fugue à Nevers, pour enfin mettre un terme inattendu à ce lent naufrage d'un couple...
Avec la fougue et le tempérament d'écrivain qu'on retrouve dans tous ses livres, l'auteur de la Marie-Marraine réussit à rendre poignante - et presque drôle, parfois - cette histoire d'un amour qui se défait, cette aventure d'un homme qui se détruit. D'un problème cruellement contemporain Hortense Dufour fait un roman de passion, de colère, mais aussi de tendresse, une oeuvre d'aujourd'hui, dans sa force et sa férocité crues.