L'avènement du Roi-Soleil, 1661
Le 9 mars 1661, Mazarin, Premier ministre qui gouvernait pratiquement seul le royaume de France depuis 1643, meurt. Peu d'hommes avaient détenu une puissance aussi grande.
Le jeune roi Louis a vingt-deux ans, la mort du Cardinal ne l'affecte guère : il chasse, danse, dévore, aime, écoute musique et comédie. Nul se s'attend, alors, au milieu des fêtes de la Cour, à ses deux «coups de maître» : il supprime le poste de Premier ministre, car «rien n'est plus indigne que de voir d'un côté toutes les fonctions, et de l'autre le seul titre de Roi», et annonce dès le 11 mars aux Grands sa «résolution de commander lui-même son État», leur disant que «quand il aurait besoin de leurs bons avis, ils les ferait appeler».
Puis, le 5 septembre, c'est l'arrestation de Fouquet, dont «les insolentes acquisitions qu'il avait faites ne pouvaient que convaincre du dérèglement de ses ambitions».
Après le temps des suprêmes anarchies et folies, de l'exubérance, des richesses et des libertés, un État s'installe, avec ses règlements, ses administrateurs désormais aux ordres, ses censeurs et ses encenseurs appointés, ses persécuteurs tonsurés ou bottés : quelque chose d'étouffant, de prétentieux, d'organisé, de glorieux et de triste.
Louis XIV a pris le pouvoir.