Fables de mon jardin
D'épaisses nuées s'accumulent. Déjà s'élève du sud une funèbre nuit escortée de grandes vapeurs sulfureuses. Un vent brusque et hagard court à travers les graminées. La terre gronde au loin, comme saisie de frayeur. L'orage vient et cherche sa route. Il va peut-être nous épargner, peut-être nous faire grâce. Il va peut-être poser sur nous ses pattes de monstre aquatique. Dans quelques instants, peut-être, notre campagne suffoquée gémira sous le déluge.
Et, cependant, le jardinier, un lourd arrosoir au poing, verse une pluie raisonnable sur le jardin encore en paix.
Comme si toute espérance était quand même permise. Comme si toute soif devait être apaisée dans la joie. Comme si la moindre fleur devait vivre éternellement dans la confiance et dans la joie.