Braque le patron
Braque est patient. Son visage, si humble qu’il semble avoir vu la paix. Mais l’épaule est d’un bûcheron ; et la taille d’un géant. "Il faut avoir le temps, dit-il, d’y songer." En effet, il s’assoit. Puis : "Quand j’étais jeune, je n’imaginais pas que l’on pût peindre sans modèle. Ça m’est venu peu à peu. Faire un portrait ! Et d’une femme en robe de soirée, par exemple. Non, je n’ai pas l’esprit assez dominateur." Il s’explique : "Le portrait, c’est dangereux. Il faut faire semblant de songer à son modèle. On se presse. On répond avant même que la question soit posée. On a des idées." Les idées, pour Braque, ce n’est pas un compliment. Quand les gens disent d’un peintre qu’il est intelligent, méfiance.