Dans les années soixante-dix, deux Français aux convictions révolutionnaires partent pour un long voyage à travers le Siam, dans le dessein avoué d'écrire un ouvrage sur "la Paupérisation des masses paysannes siamoises".

Un pays boueux, humide, étouffant comme un chaudron les attend. Les deux hommes vont découvrir les bordels en pleine jungle, la drogue, les guérilleros communistes, les night-clubs, les prostituées, les agents de la CIA et entendre les échos de la guerre du Vietnam... Ils vont s'aimer, se haïr, vivre et vieillir dans ce territoire propice à la folie...

Morgan Sportés, dans ce récit conté d'une seule traite par l'un des deux voyageurs, malmène le récit et la langue avec un don jubilatoire engendrant l'hallucination. L'auteur disait lui-même dans une préface écrite à l'occasion de l'édition de 1996 : Peut-être, si je ne me suis pas trop fourvoyé, le lecteur bienveillant ressentira-t-il quelque chose, à me lire, de cette jouissance : cette défonce stylistique, dirais-je...

Oubliant la chronologie, son narrateur nous fait le récit déconstruit de sa vie et de ses pensées avec ce manque de pudeur qu'autorise la confession. Elle sera violente, explosive et salée, nourrie de pensées folles et contradictoires, à l'image de la nature torturée du pays de Siam. --Hector Chavez