Jamais l'expression " belle histoire " ne se sera mieux appliquée qu'au plus célèbre château du monde.

Dans ce qui fut d'abord un pavillon de chasse édifie par Louis XIII, le Roi-Soleil, son fils, a mis en scène sa propre gloire pour renforcer la monarchie.

De Versailles, l'Etat fut gouverné sous trois règnes. Au sein de cet écrin superbe, se succèdent intrigues, révolutions, amours.

Là, Richelieu vient à bout des conjurés qui avaient juré sa perte ; Molière crée des chefs-d'œuvre : Colbert donne une marine au royaume ; Mme de Montespan gagne et perd l'amour du roi ; Louis XIV impose sa volonté à l'Europe et frôle le désastre ;

Mme de Pompadour règne sur les arts ; l'affaire du Collier éclabousse Marie-Antoinette ; les femmes de Paris viennent arracher la famille royale de son château pour l'emmener de force à Paris ; en 1871, l'empire allemand est proclamé dans la galerie des Glaces ; au même endroit, en 1919, l'Allemagne reconnaît sa défaite.

Dans cet extraordinaire vivier, Alain Decaux a découvert une matière idéale propre à exercer son talent de colleur.

" J'ai voulu, à Versailles, a-t-il écrit, évoquer des ombres. Je suis allé à leur rencontre. J

e les ai interrogées. J'ai cru entendre leurs voix, leurs rires, leurs sanglots dans les salles sonores où retentirent jadis leurs pas.

Ces héros, je les ai observés travaillant à la grandeur de l'Etat, dans l'extraordinaire décor d'une monarchie qui se voulait absolue. Je les ai considérés s'emprisonnant dans un isolement qui causa leur perte.

Mon dessein sera rempli si le lecteur, après avoir lu ces pages, se sent tenté d'en revoir cette merveille : Versailles.