Vaguedivague
Pablo Neruda publie Estravagario, présenté en français sous le titre Vaguedivague, (le texte français est de Guy Suarès), en 1958. Il en parle comme d'une œuvre essentielle pour lui et insiste sur l'humour grave dont le rôle est d'exorciser la mort, voire de l'insulter avec la dérision qui minimise l'instant où la terre reprend ce qu'elle a donné.
Vaguedivague est, peut-on dire, une œuvre métaphysique, dans la mesure où elle tente l'esquisse d'une philosophie terrestre capable d'élucider l'existence. Neruda rassemble et sonde des souvenirs, des expériences, des voyages - réels et légendaires - et ne fait jamais que revenir là où le rocher, l'arbre, la vague océane et la lumière solaire s'unissent. Ce point d'équilibre c'est la terre de prédilection désertée en vain. Neruda confie à Vaguedivague ce cheminement de la terre vers la terre. Il s'agit donc aussi d'une œuvre profondément matérialiste, opérant d'inlassables retours à la matière et cherchant à unir l'animé à l'immuable, le mouvement et la fixité.