VNR
Le livre s’ouvre sur le monologue fou et halluciné d’un homme qui explique à un autre, qu’on devine son otage bailloné, les raisons de sa colère. Le lecteur, attrapé par les cheveux, saisi d’effroi, est placé d’emblée dans la situation d’une victime muette qui cherche à comprendre ce qui se joue dans ce huis-clos.
Petit blanc mâle quinqua sans emploi, rejeté par ses enfants et quitté par sa femme, Alain est un homme « en fin de droits », qu’il s’agisse de son assurance chômage ou de sa vie conjugale.
Il a décidé de se venger des trois personnes auxquelles il estime devoir sa chute: le cadre sup qui a harcelé sa femme au travail ; l’homme politique responsable de la délocalisation des industries de la région et de l’effondrement de sa ville ; la psychologue qui a introduit des idées d’émancipation féministe dans le cerveau de son épouse.
Chacun à leur tour, Alain va les enlever et les séquestrer, bien décidé à leur faire passer une mauvaise nuit. Leur dernière. Seulement voilà, comme il le dit lui-même, Alain n’a pas « pris option serial killer au bac ». Sa mise en application du hashtag #KidnappeTonPorc s’avère donc moins simple que prévu.
Tout à la fois opéra grand guignol en trois actes, stand up de l’assassin sous forme d’un long monologue adressé à ses différentes victimes, one-man show du bourreau, hommage aux pulps qu’il détourne et allusion affectueuse aux poissards absolus de David Goodis et aux psychopathes débonnaires de Jim Thompson, VNR ajoute une nouvelle couleur, plus grinçante, plus sombre et plus sociale, à la palette de Laurent Chalumeau dont on retrouve avec bonheur les prouesses stylistiques et le talent narratif.