Un petit bourgeois
Biographie ou roman, l'essentiel (au moins à mon sens) est d'abord affaire de langage, et aujourd'hui qu'on méprise si fort la prose, ce qui s'appelle la prose, il me plaît qu'un de mes cadets, arrivant à maturité, aux lecteurs qui parcourent les livres sans les couper donne d'abord cette leçon de français contemporain, dont il n'y a point de chaire dans nos écoles. Il y a très longtemps qu'on n'a pas écrit ainsi, je veux dire avec cette jeune maîtrise de la phrase, qui fait penser qu'il en va de celle-ci comme des femmes, jamais si belles qu'en négligé. - Aragon, 1964 En 1961, j'étais grand lecteur depuis vingt bonnes années. Une évidence s'imposa : les livres abrupts, secrets, qui nourrissaient en moi le plus d'énergie et de rêves, me constituaient aussi une famille : Montaigne, Rousseau, Constant, Michel Leiris. Les hors-la-loi de la première personne, les innocents de l'aveu. Ma résolution fut vite prise : occuper ma place, fût-elle modeste, dans cette histoire d'amour et de vacherie que l'autobiographie mène avec soi-même et avec le style, l'allure qu'exige le genre. Un petit bourgeois (1963) fut le premier d'une suite d'ouvrages qui en comptera - Dieu dispose... - sept ou huit le jour de mon départ. - F. N., 2002
--Ce texte fait référence à l’édition Poche
.