Trois églises et trois primitifs
Le Retable est pour Huysmans la réalisation irréfutable de cette possibilité, la confirmation de la justesse de sa foi. Les lignes écrites sur Grünewald témoignent d'un accomplissement, d'une parfaite osmose entre un style et une vision. Huysmans n'y est pas seulement un écrivain, une langue, il est aussi " un œil ", il est celui qui sait voir " comme personne n'a vu ", écrira Remy de Gourmont, et le Christ qui apparaît dans l'entrelacs du texte huysmansien est le Dieu le plus implacablement réel qui soit.
C'est en 1905, soit deux ans avant sa mort de Huysmans, que paraissent Trois Primitifs: Les Grünewald du Musée de Colmar. Le Maître de Flémalle et la Florentine du Musée de Francfort-sur-le-Mein.
Le texte intégral, non réédité depuis près de quarante ans, est composé de deux parties sensiblement équivalentes: d'abord la description du Retable d'Issenheim de Mathias Grünewald, exposé au Musée Unterlinden de Colmar, puis celle de deux autres œuvres découvertes au Musée Staedel de Francfort-sur-le-Main: un buste anonyme d'une jeune fille de l'École Florentine du XVe siècle et La Madone allaitant l'Enfant Jésus du Maître de Flémalle.