Sept propos sur le septième ange

Michel Foucault

Sept propos sur le septième ange
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Popularité du livre : faible
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Publié par les très belles éditions Fata Morgana, ce petit opus de Michel Foucault est un hommage à la figure eÎntrique de Jean-Pierre Brisset (1837-1919), écrivain, linguiste fantasque et saint du calendrier pataphysique, dont la méthode pour retrouver l’origine des langues tient en ces mots : « Toutes les idées que l’on peut exprimer avec un même son, ou une suite de sons semblables, ont une même origine et présentent entre elles un rapport certain, plus ou moins évident, de choses existant de tout temps ou ayant existé autrefois d’une manière continue ou accidentelle ».

Dans ce « langage en émulsion », jeu de décomposition et de recombinaisons où pouce s’apparente à pousse, où le démon « montre son dé, son dais, ou son dieu, son sexe… » au hasard provoqué des phonèmes, Foucault remarque qu’« au commencement étaient les dés ». Ayant quitté l’école à douze ans, loin de s’embarrasser de phonétique diachronique ou de morphologie grammaticale, Brisset prend le parti d’une homophonie festive et dionysiaque dans sa recherche du caractère primitif de la langue, non de ses états d’antériorité historique. Les origines des mots ne se trouvent alors plus dans une racine commune, mais se confondent en une multiplicité d’énoncés qui font intervenir d’autres mots encore en une vertigineuse ramification.

Il n’est pas insolite que Foucault s’intéresse à Brisset, il semblerait qu’ils partagent la même vision de l’histoire (opposée à une considération post hégélienne qui mettrait en scène les mêmes processus de luttes de classes, par exemple) et la même passion pour l’étude de la distribution des énoncés. Foucault disait : « Je suis très intéressé par le travail que font les historiens, mais je veux en faire un autre », quant à Brisset, il niait en bloc l’existence du latin.

Dans sa Grammaire logique, les phonèmes répétés à l’infini retrouvent l’éclat des mots que l’on fait briller lors des jeux d’enfants, où débarrassés de tout sens et de tout contexte, décomposés par les rires et l’essoufflement, ils redeviennent des joyaux rares et précieux. S’en suit chez Brisset une esthétique explicative quasi métaphysique, tenant de la répétition hypnotique et du mantra, quelque chose qui selon l’avertissement à son ouvrage La Science de Dieu échappe à la traduction, puisque selon les mots de Robert Frost poetry is what gets lost in translation…

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