Psychologie du transfert
Jung raconte : "Lors de notre premier entretien, Freud me demanda tout à trac : - et que pensez-vous du transfert ?... Je lui répondis qu'à mon avis c'était l'alpha et l'oméga de la méthode. - Alors, me dit-il, vous avez compris l'essentiel."
Le dialogue entre praticien et patient (ou patiente) est une réalité brûlante. Sur ce point comme sur tant d'autres, Jung avait conscience d'avoir mené à son terme la recherche de son prédécesseur. Cela ne put se faire que par la reconnaissance de la dimension transpersonnelle de l'échange thérapeutique. Pour la mettre en évidence Jung recourt au symbolisme alchimique.
A travers la rencontre de deux individus, il montre la mise en présence, à des niveaux divers, de deux archétypes, "le roi et la reine", l'homme et la femme en tant que principes.
S'appuyant sur les figures d'un traité publié en 1550, Le Rosaire des philosophes (Rosarium philosophorum), il décrit les phases dramatiques conduisant aux "noces royales". La mort et la résurrection des deux partenaires donnent naissance au "fils des sages" ou androgyne, où s'unifient le masculin et le féminin.
Les chatoiements des symboles hermétiques laissent transparaître à chaque ligne l'expérience d'un praticien hardi et doté d'un sens aigu de sa responsabilité éthique, au service de l'âme, "sa seule maîtresse". Le transfert, périlleuse et irremplaçable voie d'amour, est le cœur de la psychologie des profondeurs.
La pudeur habituelle de Jung ne l'a pas empêché de lever ici un coin du voile. Cet ouvrage servira de guide à quiconque est appelé à plonger, par le dialogue, dans "le feu secret des sages", nom de l'amour transformant, créateur de l'hermaphrodite, l'un des mille noms de la totalité psychique, du Soi jungien.