Psychogénèse des maladies mentales
Avant de rencontrer Freud et la psychanalyse, Carl Gustav Jung travaillait déjà sur la schizophrénie aux côtés d'Eugen Bleuler et Auguste Forel. La qualité, le niveau et l'originalité de ses recherches lui valurent une notoriété certaine et la réputation d'un psychiatre prometteur.
Son essai sur "La psychologie de la démence précoce" attira l'attention de Freud au moment où Jung lui-même découvrait son "interprétation des rêves". A la psychanalyse naissante, Jung associait le terrain de la psychose alors mal connu, suscitant ainsi réexamens et réévaluations de certains points fondamentaux.
En 1959, dans ses Considérations actuelles sur la schizophrénie, Jung constatait avec regret que, depuis ses premières publications, les connaissances sur la nature profonde de cette maladie mentale restaient très fragmentaires. Il ferait sans doute encore le même constat aujourd'hui malgré les avancées neurobiologiques ou cognitives qui ont été effectuées.
Ce volume présente un intérêt d'autant plus grand que c'est très certainement par sa formation de psychiatre et par sa connaissance de la psychose - singulièrement de la schizophrénie - que s'explique la rupture ultérieure de Jung avec Freud et la théorie nouvelle qu'il sera amené à bâtir : "Le fréquent recours à des formes et à des productions associatives archaïques qui sont observées dans la schizophrénie, écrit-il dans son essai sur la schizophrénie, m'a donné pour la première fois l'idée d'un inconscient non seulement constitué de contenus de conscience originelle perdus, mais d'une strate plus profonde, avec un caractère tout aussi universel que les motifs mythiques qui caractérisaient l'imagination humaine en général.