Montagnes de verre
Dino Buzzati était alpiniste, pratiquant, passionné. Il écrivit entre 1932 et 1971 ces textes, tantôt sensibles, drôles, tantôt dramatiques où il a mis le meilleur de son bénie de grand écrivain au service de ce sport singulier. Chez Kafka, l'homme est prisonnier de mécanismes qui lui sont extérieurs : c'est « quelque chose » qui lui arrive. Chez Buzzati, l'homme est prisonnier de lui-même. Cela devient un jeu-drame de boîtes chinoises, l'une dans l'autre et puis dans une autre encore, jusqu'à ce que le contenu des boîtes perde toute signification et que l'attente devienne sa propre fin, à l'infini. A une sensibilité comme celle-là, la conquête d'un point fixe dans cet infini de sommet peut apparaître comme une oasis de sérénité dans l'incessant tourment d'espérances qui ne se réalisent pas.