Moi, j'attends de voir passer un pingouin
Au début, il y a les animaux. Comme dans la chanson du film de Kubrick, 2001 odyssée de l'espace qui compte tant pour Geneviève Brisac, - une chanson du Déluge et de l'Arche : the animals went into by to, ah ah !
C'est eux qui ont fait naître son désir d'écrire ce roman sur la révolte. Comment, que l'on soit bête ou homme, s'arme-t-on contre l'idiotie, les pouvoirs, la cruauté, la violence ?
Voilà donc, par ordre d'apparition : Céleste, la femme de ménage qui veut un aspirateur, un peu de raison dans la maison et envoyer l'auteure à la campagne ; une pie qui volète un peu seule sur le balcon ; Nelson le fils rebelle qui ne peut pas saquer Colette et recueille le rat de laboratoire frileux de son ami Jean-Pierre installé à demeure devant l'Hippopotamus. A qui et à quoi s'ajoutent des tas d'autres personnages, hommes ou bestioles, familiers ou légendaires. Tout un monde de liberté à conquérir, d'ourlets défaits, de buffles qui pleurent, de chats aveugles, de filles cruelles et inconscientes. Toute une arche de Noé, urbaine, contemporaine, joyeuse, courageuse, décidée à habiter notre humaine condition envers et contre les saboteurs de tous poils.
Écrit avec cet alliage de légèreté et de gravité qui fait sa patte, Moi, j'attends de voir passer un pingouin illustre merveilleusement la devise de l'auteure : " mélanger ce qui fait rire et ce qui fait pleurer ".