Mémoires au soleil
Le vieux s’est échappé, une fois de plus. Il marche au bord de l’autoroute, hagard et obstiné, prétendant arriver à Marseille et de là prendre le bateau pour rentrer dans son pays. Mais si ses fugues à répétition mettent la famille en émoi – son fils surtout, Azouz, qui se sent vaguement coupable de les avoir provoquées – elles se terminent en général dans un café miteux de Lyon, entre les parties de dominos, le thé à la menthe et les disputes qui entretiennent l’amitié.
Bouzid Begag, ancien travailleur du bâtiment, n’a plus toute sa tête. Il a contracté la maladie d’Ali Zaïmeur, disent ses copains du Café du Soleil. Une maladie « qui mange les souvenirs des gens, déjà qu’on n’en avait pas beaucoup ».
En hommage à un père déclinant, Azouz Begag a composé le plus vibrant et le plus mélancolique des chants d’amour, dévoilant avec émotion un nouveau pan de cette vérité intime qu’il avait commencé à nous révéler dans Le Gone du Chaâba.