Livret de service

Max Frisch

Livret de service
125 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
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3.30
Note personnelle
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En 1939, Max Frisch publie très vite son journal de soldat, Blätter aus dem Brotsack, où perce la foi en l’armée «rempart de la démocratie». Trente ans plus tard, quand l’auteur de Andorra revisite, dans Livret de service, ses souvenirs de la «Mob», son regard a bien changé. L’époque aussi: l’étude d’Edgar Bonjour éclaire les sympathies d’une partie de la classe dirigeante avec l’Allemagne; en 1973, Nicolas Meienberg publie ses articles sur les «traîtres à la patrie» exécutés; l’armée est remise en question. Frisch ne réclame pas sa suppression et ne critique même pas directement son fonctionnement. Il ne se plaint pas des exercices absurdes ou dangereux ni de ses 650 jours de service qui lui ont donné l’occasion «de voir une fois de près notre société du haut en bas» et de tracer un portrait savoureux du «vrai Suisse». A peine Frisch met-il en cause la hiérarchie qui reproduit les classes sociales. A sa manière, ironique et elliptique, il se contente de juxtaposer des faits et laisse le lecteur s’étonner avec lui de ce qu’un individu cesse si vite d’exister et de penser quand il se fond dans une troupe, abdiquant tout esprit critique. Pour lui, «le véritable scandale», c’est que l’armée, telle qu’il l’a vue, «confond la discipline avec l’obéissance». Elle fait des hommes des mulets qui évitent la punition sans donner leur «libre consentement». Et sans trop chercher à savoir ce qui se passe vraiment dans cette Allemagne presque abstraite. «Notre armée» a-t-elle changé? A sa publication, Livret de service a fait scandale. Une fois de plus Frisch salissait son nid. Aujourd’hui reste un bel exercice d’autocritique, une expérience du «vide» de la vie militaire, à relire mot à mot au lendemain de la votation.

Livres de l'auteur : Max Frisch