Les désengagés
Je me suis souvent demandé quels écrivains avaient été assez malchanceux pour publier un livre en avril ou mai 1968. Le point de départ – malicieux – des Désengagés est né de cette interrogation-là.
Se sont imposées à moi l’image d’un romancier à peine échappé de l’adolescence : Octave, solitaire, ombrageux, provocateur à l’occasion ; et celle d’une femme d’une quarantaine d’années, Marie-Thérèse, responsable littéraire d’une petite maison d’édition, qui aime et protège Octave tout autant qu’elle entend défendre le premier manuscrit qu’il lui a confié.
Les personnages de fiction n’engagent pas seulement un dialogue avec ceux qui les inventent ou ceux qui les lisent. Ils se répondent entre eux. D’un siècle à l’autre, parfois. Ainsi la comtesse du Mariage de Figaro nous annonce-t-elle la Maréchale du Chevalier à la rose d’Hofmannsthal, mis en musique par Richard Strauss.
Cette dernière filiation, j’ai tenu à la prolonger, sur un ton de comédie mélancolique, en rêvant d’une femme au crépuscule de sa beauté, et d’un jeune amant qu’elle va encourager secrètement à se libérer d’elle, à se désengager. »
F.V.