Les Signes et les prodiges
Que Nicolas Léclusier abandonne - même temporairement - sa situation chez un éditeur afin d'aller faire un reportage pour le compte d'un hebdomadaire encore en projet stupéfie ses proches tant cette décision trahit de désarroi qu'ils ne soupçonnaient pas chez ce garçon tranquille à carrure de bûcheron. S'il a été marqué par la guerre, par la déportation de sa mère, n'a-t-il pas réagi en écrivant le livre auquel il doit sa notoriété d'écrivain ? Eh bien, non. Nicolas est obsédé par l'absurdité d'un monde où triomphe le mal, accepté, assimilé par tous et ses victimes en premier. Cette docilité au destin, cette « opacité », Nicolas les retrouve chez Marcelle, la jeune journaliste qui le seconde, et, malgré la décision de se soumettre lui aussi aux jeux du hasard qui l'a poussé à partir pour ce reportage, il s'en irrite : c'est que l'on ne dépouille pas sa nature sur un coup de tête et Nicolas s'en va avec son angoisse, compagnon de voyage incommode dont seul l'amour peut-être le délivrerait. Françoise Mallet-joris a situé dans la France en remous de 1962 cette quête spirituelle aux multiples personnages.