Les Fantômes des victoriennes
Parmi les écrivains victoriens (1837-1901) qui se sont frottés au surnaturel, la majorité sont des victoriennes : paradoxe apparent car si une femme dirigeait le plus grand empire du monde, les Anglaises n'avaient encore aucun droit mais seulement des devoirs. La femme dépend de son père jusqu'au mariage (souvent de raison) et de son mari, ensuite. La seule femme libre, dans l'Angleterre victorienne, c'est la veuve - après un deuil éprouvant de trente mois, il est vrai. Le Sexe est couvert par l'ombre et le silence. Un extrême suscitant souvent son contraire, l'obligation de neutralité, de dignité, de presque indifférence expliquent le goût inavoué mais très solide des Anglai(se)s pour le dramatique, l'horrible, le sanglant, l'atroce, sous tous ses aspects. Bien moins célèbres que leurs confrères masculins, les Victoriennes, non seulement ne leur sont en rien inférieures mais ajoutent dans leurs récits cette subtilité caractéristique des Anglaises qui ouvrent déjà la voie à ces fameux flux de conscience dont Virginia Woolf sera la maîtresse incontestée. Il s'agit de dire, à mots couverts, de ressentir, nuque baissée ; quoi de mieux alors que le prétexte d'un genre dont le moyen, faire trembler, permet surtout de faire vibrer les régions secrètes, voire impudiques de l'âme, finalité de ces " ghost stories ". Ce volume contient : Elizabeth Gaskell, L'Histoire de la vieille nurse ; Mary Braddon, Le Visiteur d'Evelyne ; Amelia Edwards, Salomé, Rhoda Brougthon, L'Homme au nez ; Elizabeth Lynn Linton, Le Destin de Madame Cabanel ; J.H. Ridell, La Vieille Mrs Jones ; Vernon Lee, L'Amant fantôme ; Edith Nesbit, Les Hommes de marbre ; Clémence Housman, Fourrure Blanche ; Violet Hunt, La prière ; Margeret Oliphant, La fenêtre de la bibliothèque.