Le temps captif
J'ai travaillé trop tard hier soir. Ecrire me crée. Me tue. Je suis un voleur. Les petits pleurent un peu au début. La classe est propre et claire. Elle les menace. Et pourtant ils entrent. C'est le premier pas qui compte. Je ne suis ni leur père ni leur mère. Et parfois je me sens tout ça. Ils sont si près de moi que je ne les vois pas. Je fais comme eux. J'entre. Ce miracle se renouvelle tous les jours. Pourquoi n'ai-je pas claqué la porte et ne suis-je pas parti en courant ? Non, je ne pars pas. Je suis le ver dans le fruit. Je mange la pomme et crache cette mousse. Lorsque le temps appartient à la décision de l'autre, non seulement dans l'enfance, mais dans l'enfance du monde, l'autre a peur du vide et remplit les êtres qui l'entourent de sa propre folie. C'est le vol, le viol de l'enfance : le temps dérobé.