Le monde selon Flaubert
Gustave Flaubert a posé sur son siècle un regard féroce ; il l’a pourfendu avec véhémence dans son œuvre épistolaire et avec une ironie corrosive dans son œuvre romanesque. Bourgeois et béotiens de tout ordre ; société du nombre ; révolution industrielle et culte de la vitesse ; standardisation du travail ; dégradation de la culture, il n’a qu’un cri contre tout ce que le modernisme exalte au mépris du Beau.
Il ne faudrait pourtant pas réduire Flaubert à un renfrogné aigri, il n’est pas l’homme d’un seul registre. Vivant, chaleureux, aimant, bouffon parfois, sensible, il prodigue dans toutes ses relations des gestes et des paroles d’amitié et d’affection, dont George Sand, Tourgueniev, Louis Bouilhet, les Goncourt, l’impératrice Mathilde et tant d’autres ont pu goûter les agréments. Antimoderne fondateur du roman moderne, largement incompris de son vivant, c’est de manière posthume, au XXe siècle, que l’auteur de Madame Bovary est devenu l’un des plus grands romanciers français.
Avec sensibilité et érudition, Michel Winock, qui connaît en profondeur l’œuvre de Flaubert, a puisé dans ses écrits, ses lettres ou ses brouillons les plus beaux passages qui symbolisent son génie.