Le Musée Grévin
Commencé en juin 1943, Le Musée Grévin fut achevé dans la Drôme puis publié en août 1943. Georges Sadoul se souvient des circonstances de cette sortie : « Quand notre “technique” nous parla d’une imprimerie clandestine possible, Aragon, parcourant Montchat, chercha durant de longues heures un titre de maison d’édition, pour s’arrêter à “la Bibliothèque française”.Une des premières brochures qui porta le nom de cette firme fut Le Musée Grévin publié sous une couverture de papier peint jaune et blanc, par un imprimeur de Saint-Flour “contacté” par Paul Éluard et Ternet.?Ce livre signé François la Colère fut bientôt après réédité par les éditions de Minuit dont nous diffusions en zone Sud les publications. » Le Temps des Cerises réédite enfin ce texte, introuvable depuis de nombreuses années, et comparable dans l’œuvre d’Aragon à ce que sont Les Châtiments dans celle d’Hugo, dans sa version d’après-guerre il est augmenté de Quelques poèmes inédits, et d’un superbe texte en prose sur le réel en poésie intitulé Les Poissons noirs.
La presse en parle :
« […] Aragon reste à lire et à relire si l’on veut accéder à la vérité d’une œuvre inscrite dans l’histoire et qui ne peut se comprendre autrement que par cette référence à l’histoire. […] un ensemble de notices biographiques (réalisées par Annie Lacroix-Riz et Magali Maisonneuve, ce qui est un gage de qualité) très utiles au lecteur d’aujourd’hui pour comprendre ce que dit Aragon : le lessivage de la mémoire en cours depuis plusieurs années et la réahabilitations d’anciens collaborateurs imposent la plus extrême vigilance. Que retenir de ce livre ? Tout d’abord la virtuosité d’Aragon poète. […] Enfin, la préface [les poissons noirs] qui est une défense du réalisme en poésie, un texte à ajouter à toutes les préfaces, les conférences sur le réalisme. […] Il n’existe pas de poésie éternelle. La poésie est une forme inscrite dans l’histoire. Elle évolue avec les circonstances. « Le Musée Grévin » est une invitation aux poètes de 2011 à trouver la forme qui convient aux événements de l’époque en même temps qu’il est une œuvre à inscrire dans la tradition des « Tragiques » d’Aggripa d’Aubigné ou des « Châtiments » de Victor Hugo. Cette édition est donc la bienvenue. » »
Lucien Wasselin, Liberté Hebdo, n° 960, 29 avril 2011