La matinée d'un seigneur
Dimitri Nekhludov décide à dix-neuf ans d'interrompre ses études pour prendre en charge la gestion du domaine familial.
C'est que la misère règne dans les campagnes russes et que le jeune Prince se sent investi d'une mission. Mais la meilleure volonté du monde, en particulier quand elle ne s'accompagne pas d'une profonde connaissance des hommes, ne peut rien face à la brutale réalité. Ecrit en 1852, La Matinée d'un Seigneur, roman d'apprentissage du désenchantement, décrit les bévues s'abattant en l'espace d'une demi-journée sur le naïf aristocrate.
Incapable d'entamer un dialogue d'égal à égal avec des paysans qui ne comprennent ni son enthousiasme ni ses objectifs, rongé par une culpabilité dont il ne s'explique pas l'origine, Dmitri Nekhludov découvre la honte. Une honte provoquée par les sourires mi-moqueurs, mi-compatissants des miséreux qu'il se propose d'aider de sa poche. Une honte provoquée en définitive par la prise de conscience progressive et douloureuse du grotesque et de la vanité de ses prétentions.
Il n'est pas interdit de voir dans ce personnage de seigneur juvénile s'installant à la campagne, également présent dans L'Adolescence, une sorte d'autoportrait de l'écrivain.