La Machine littérature
On écrit un livre pour qu’il puisse être placé à côté d’autres livres, pour qu’il entre sur une étagère hypothétique et, en y entrant, la modifie en quelque manière, chasse de leur place d’autres volumes ou les fasse rétrograder au second rang, provoque l’avancement au premier rang de certains autres. (…)
« L’opération d’un écrivain est d’autant plus importante que l’étagère idéale où il voudrait se situer est une étagère encore improbable, portant des livres qu’on ne s’est pas habitué à placer l’un à côté de l’autre, et dont la juxtaposition peut produire des décharges électriques, des courts- circuits. »
Par son approche inattendue des grandes oeuvres de la littérature, Italo Calvino provoque ces « courts-circuits » qui suscitent des interrogations de toujours : qu’est-ce que la littérature depuis le premier conte du premier conteur ? Quels sont ses rapports avec la politique, la science, la philosophie ? Que signifient le comique, l’érotique, le fantastique ?
Telles sont quelques-unes des questions que soulève Calvino, sans oublier que jouer le jeu de l’écriture, c’est laisser passer du sens, et un sens précisément que la communication quotidienne échoue à dire : lancer une sorte de défi du langage au réel.
Traduit de l’italien par Michel Orcel et François Wahl. 1993, 240 pages.