L'île de l'ange déchu
En Italie, aux premières heures du régime fasciste de Mussolini, l'île de l'Ange déchu est un lieu d'exil tout trouvé pour les opposants au régime, les délinquants, mais aussi les forcenés. Cette "île-purgatoire"– s'il y avait un après– est peuplée d'ombres apeurées ou de déments sanguinaires, ces chemises noires de la milice qui font régner une terreur légitimée par le pouvoir. Sur ce rocher perdu en pleine mer, d'où l'on ne s'évade pas, les murs de la forteresse ne sont pas aussi hauts que ceux érigés par sa propre folie ou parson simple renoncement à la vie. Seuls les brefs instants d'étreinte charnelle et l'incessante musique des vents échappent à l'enfermement. Ainsi, Carlo Lucarelli change habilement le sable en eau, car son île ressemble à s'y méprendre à unDésert des Tartaresoù le commissaire, personnage central du récit, le double de Giovanni Drogo, est habité par le désir brûlant, mais inassouvi, de fuir. Outre la critique d'un système totalitaire qui engendre des assassins et des lâches,L'Île de l'Ange déchuest une allégorie de l'Enfer, un conte dans lequel l'auteur démontre que la liberté est une supercherie.--Lenaïc Gravis&Jocelyn Blériot