Elle va nue, la liberté
Maram al-Masri est l’exilée d’un pays-blessure qui saigne en elle. Petite mère d’orphelins. Funambule toujours sur le fil entre tristesse et espérance. Je l’ai vue se vêtir du drapeau de son pays, incarnant la Syrie martyrisée ; glisser son portable sous son oreiller, ne plus respirer, ensevelie sous ses morts. Depuis que la révolution syrienne a éclaté, Maram guette chaque jour les vidéos sur Facebook ou YouTube. Ainsi sont nés les poèmes de ce recueil. Ils ne cherchent pas à apprivoiser les images de l’horreur, ils nous les donnent à voir. Là, une mère porte en terre son enfant. Ici, un enfant figé près du cadavre de ses parents. Et ces caisses de bois nu qui dansent, dansent… La journaliste que je suis s’incline devant cette incomparable puissance d’évocation. Ce carnet intime d’une douleur n’a pas fini de nous hanter.