Coronavarius
Au printemps 2020, au cœur de la première vague de la pandémie qui a frappé les résidences de personnes âgées, un couple de quatre-vingt-dix ans, désigné par « elle » et « lui », se trouve abruptement séparé. L’homme, qui a contracté le coronavirus – que son épouse s’entête à prononcer coronavarius – doit s’isoler dans leur appartement, tandis que la femme s’installe chez leur petit-fils, chacun vivant pour la première fois en soixante-dix ans une séparation forcée avec son partenaire.
Après des échanges téléphoniques, elle tente d’aller visiter son mari en respectant toutes les mesures sanitaires prescrites : revêtue d’une blouse de protection, chaussée de pantoufles en papier, équipée d’une visière de plastique par-dessus le masque, « déguisée comme un soir d’Halloween », elle entre chez elle, où son mari l’attend, endimanché et le cœur battant. Mais tous deux se rendent vite compte du ridicule de cette mascarade. Dépitée, elle fait volte-face et retourne dehors s’installer sous la fenêtre du logement, où d’un bref salut de la main et d’un commun accord tacite, elle convient avec lui d’attendre ainsi la suite et la fin du confinement... LEMÉAC Éditeur