Chère visiteuse
On ne peut pas être et avoir été dit-on et, la cinquantaine venue, la comtesse Hortense estime qu'il est temps pour elle de dire adieu à une vie quelque peu dissolue pour embrasser la religion. Sait-on jamais? Une fin de vie édifiante pourrait bien lui valoir dans l'au-delà quelque indulgence pour des débuts plus tapageurs. Charité et modestie la conduisent à arpenter les couloirs de la Santé comme visiteuse de prison, de celles qui vont apporter un peu de réconfort aux condamnés. Mais l'un d'entre eux, Gilles, un beau voyou à l'ombre pour vingt ans lui tape dans l’œil. Et ce qui devait arriver arrive. Hortense perd la tête, fait jouer ses relations et parvient à libérer Gilles pour en faire son chauffeur, pour le meilleur et pour le pire.
On imagine sans peine le parti qu'Alphonse Boudard peut tirer d'une telle situation. Lui qui a effectivement connu la prison dans les années 50 a dû aussi y croiser quelque visiteuse. En tous les cas, le portrait d'Hortense est plus vrai que nature et l'effet de contraste, souligné par une langue toujours aussi verte, tout à fait réjouissant. --Gérard Meudal