Beau-François
En un temps pas si lointain, puisqu'il s'agit du siècle dernier, on avait encore dans les campagnes l'habitude des veillées où quelque fin diseur distrayait l'assemblée avec des contes de toutes sortes.
Certains de ces « dits» ont une trame qui se retrouve sous d'autres cieux. Ils appartiennent au fonds commun du folklore mondial et ne s'en différencient que par le ton du récit, pimenté d'accent du terroir et de patois.
C'est ce ton que Maurice Genevoix ressuscite à merveille par la voix du Vieux-des-Boulats et de Perdrix-aux-Choux, fils des pays de Loire, quand il relate l'aventure du Grelet, Le Devin sans le savoir qui doit à son surnom la vie et à sa simplicité le bonheur, ou Le Dit du haricot ramé qui ramène à la charité les durs de Belle-Sauve, ou encore l'astuce d'Eulalie et le soldat et l'acharnement des lutins du Berry à garder leur bien comme dans Histoire de Florent.
Les « hargnes » d'hiver font courir au-dessus de toutes les forêts d'Europe « la chasse en l'air» des Veneurs du diable, mais nos conteurs se réfèrent aux chroniques locales pour évoquer Les Fourches de saint Brisson au temps de Jeanne d'Arc ou Beau-François, chef de la terrible bande d'Orgères qui sévit sous le Directoire et le Consulat.
Source : Le Livre de Poche,