Amants et voleurs
Rien, a écrit Tristan Bernard, ne ressemble plus à un innocent qu'un coupable qui ne risque rien". Et peut-être même n'était-il pas éloigné de penser que bien mal acquis ne profite jamais, sauf à la canaille.
Avec un humour amer, il a réuni en 1905 sous le titre pessimiste Amants et voleurs sa plus belle collection de fripouilles : amants professionnels, mercenaires, assassins, voleurs, bourgeois ingrats, militaires, sportifs, cyniques et tricheurs.
Tristan Bernard ne juge pas ses personnages, il ne les critique pas, ne les réprouve même pas. De cette feinte désinvolture, de cette indifférence naïve devant l'égoïsme, la mauvaise foi et le crime, naît chez le lecteur une étrange et pesante impression d'angoisse : le sourire jaune.