1955 - 1966
Ce Journal est né d’une terrible blessure. Son père, le compositeur Joaquin Nin s'étant séparé de sa famille, la petite fille de onze ans décide de tenir un journal (écrit en français) pour lui. Ce Journal apparaît très vite par la suite comme un refuge, un moyen de se protéger contre une vie trop douloureuse. Comme l'écrit Gun-ther Stuhlmann, Anaïs Nin considérait avant tout le Journal comme une « couvre d'amour », un document qui fut pendant très longtemps totalement privé et secret, son lien avec le monde, sa vraie vie, son voyage intérieur. Mais en 1965, elle écrit : « J'éprouvais le besoin de publier le Journal avec autant de force que le serpent qui mue parce que son ancienne peau est devenue trop étroite. » En fait nous savons aujourd'hui qu'en 1966, année de la parution du premier tome, elle aurait pu mourir du cancer, - qui pourtant ne devait l'emporter que lorsqu'elle eut complètement accompli sa tâche et connu la célébrité.
1955-1966 dans la vie d'Anaïs Nin, c'est la période des riches ren-contres avec Aldous Huxley, Lawrence Durrell, Henry Miller, Allan Ginsberg, James Leo Herlihy, Timothy Leary, Tennessee Williams, Romain Gary, Jean Fanchette, etc. et de son accomplissement per-sonnel, avec aussi déjà le pressentiment qu'il se pourrait que ce fût là un adieu. Elle a atteint cette figure idéale qu'elle poursuivait et qu'elle voulait nous laisser.