Le Marquis de Maisoncelles retrouve avec bonheur sa fille chérie à la sortie du couvent. Pas qu’il s’en est ennuyé tant que ça - il a été bien trop occupé à vivre sa vie d’aristocrate bordelais et à s’entourer de maîtresses-, mais c’est que sa fille, il l’adore. Il faut dire que cet amour, Aude de Maisoncelles le rend au centuple à son père. Le sentiment de la jeune femme est même un peu trop possessif : n’a-t-elle pas juré de ne jamais le quitter, ce papa adoré, tant que celui-ci ne se remarierait pas ? Et quoi de plus naturel que de prendre pour acquis que devant une dévotion pareille on puisse répondre avec la même ferveur ?

Oui, mais voilà, Aude à Paris pour des études de médecine vite abandonnées, puis pour celles des grandes civilisations exotiques au Louvre, Monsieur de Maisoncelles retrouve ses amourettes. L’une d’elle le ferre pour de bon : la belle Mahaut de Mahy, à peine plus âgée qu’Aude passionne le marquis au point qu’ils convoleront vite tous deux en justes noces. La réplique d’Aude est rapide et cinglante : elle quitte la France pour la Rhodésie et les citées oubliées du Grand Zimbabwe. Appel irrésistible d’un des plus grands mystères de l'archéologie ou vengeance personnelle ?

Pendant cinq ans Aude ne vivra que pour faire parler les pierres, aveugle au bonheur qui frappe à sa porte, et puis un jour, la rumeur que son père pourrait être malheureux arrive jusqu’à elle. Implacable calculatrice, elle décide de revenir pour faire tomber son intrigante belle-mère…

C’est un roman d’ambiance assez inattendu que ce « Seigneur, j’ai tout prévu ». Un roman très agréable à lire qui nous mène par le bout du nez, des rives du bassin d’Arcachon à la savane désertée au pied de l’enceinte de Zimbabwe. Et on se laisse faire avec plaisir. En dire plus serait dévoiler l’histoire. A part le père, les personnages sont mesquins, calculateurs, revanchards, mystérieux… Même Aude ne livre pas tout à fait son secret, cette force qui la pousse à réserver sa vengeance, comme la mule, à son destinataire, des années plus tard. Mais chaque médaille a son revers…